RAMANUJA

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Ce qui caractérise l’attitude de R m nuja, c’est l’exaltation de la Personne Suprême, Absolu personnel qui s’oppose à l’Absolu impersonnel de えa face="EU Updot" 臘kara et de tout le mouvement de l’advaita , du non-dualisme radical. Si le Maître de えr 稜ra face="EU Updot" 臘gam défend, lui aussi, une position non dualiste, la sienne est beaucoup plus nuancée que celles des ごa face="EU Updot" 臘kariens qu’il a combattus toute sa vie. En fait, sa position n’est pas vraiment originale; elle se rattache à une tradition, celle qu’incarnait déjà son maître spirituel et prédécesseur à えr 稜ra face="EU Updot" 臘gam, Yamun c rya. Mais l’œuvre de ce dernier est beaucoup moins ample et son habileté dialectique, bien que grande, n’égale pas celle de R m nuja. C’est à celui-ci qu’il revient d’avoir présenté et défendu les doctrines du vi ごi ルレ dvaita , le «non-dualisme du qualifié», avec une rigueur de raisonnement et un bonheur d’expression qui font de lui un des grands philosophes de la pensée universelle.

L’homme et l’œuvre

Fait bien rare dans l’histoire des penseurs de l’Inde médiévale, on connaît la date de naissance de R m nuja, le deuxième – えa face="EU Updot" 臘kara étant le plus ancien – des cinq grands commentateurs des Ved ntas tra ou Brahmas tra de B dar ya ユa.

Il serait né à えr 稜perembudur, au sud-ouest de l’actuelle Madras. Il appartenait à la caste des br hmanes; sa langue maternelle était le tamoul, mais il fut élevé dans la parfaite connaissance du sanskrit. Tout jeune, disent ses hagiographes, il faisait preuve d’une vive intelligence et d’une mémoire excellente, qualité majeure dans une civilisation où l’enseignement était oral.

Après avoir suivi à K ñcipuram l’enseignement d’un maître en ved nta, Y davaprak ごa, il se heurta à ce dernier sur des points doctrinaux et se voua au service du temple où l’on rendait le culte à Varadar ja, manifestation de Vi ルユu, en tant que «Celui qui exauce les souhaits» (de ses dévots). Le rayonnement de sa piété et la solidité de son savoir le firent appeler à diriger la communauté vichnouite de えr 稜ra face="EU Updot" 臘gam, dans laquelle le culte du dieu s’accompagne de celui de sa parèdre la déesse Lak ルm 稜, dite aussi えr 稜, et qui répond au nom de ごr 稜vai ルユavisme. Un célèbre maître, Yamun c rya, l’avait désigné comme son successeur.

Les persécutions d’un souverain ごivaïte de la dynastie des Cola le forcent, en compagnie de quelques disciples, à se réfugier au Mais r. Il y reste douze ou quatorze ans, puis revient à えr 稜ra face="EU Updot" 臘gam pour y assumer à nouveau la direction du grand sanctuaire vichnouite, jusqu’à sa mort, que la tradition situe en 1137. Une telle longévité – il aurait donc vécu cent vingt ans – n’étant pas exceptionnelle en Inde, il se peut que cette tradition soit exacte.

Avant la persécution qui l’entraîna au Mais r et durant le temps de son exil, R m nuja avait à plusieurs reprises entrepris des voyages à travers l’Inde – même jusqu’au Ka ごm 稜r – prêchant en chemin les doctrines du ごr 稜vai ルユavisme. Ses pérégrinations alternaient avec de plus longues périodes au cours desquelles il enseignait ses disciples et composait les œuvres qui servent de fondements au groupe religieux qu’on appelle le ごr 稜sa ュprad ya ( ごa ュprad ya signifiant «tradition»).

Parmi les nombreux ouvrages de R m nuja, les plus remarquables appartiennent au genre des «commentaires», lequel a connu une très grande faveur tout au long de l’histoire indienne. Le plus long, le えr 稜bh ルヮa , est consacré aux Brahmas tra , autour desquels s’était déjà édifié deux ou trois siècles plus tôt l’enseignement de l’illustre えa face="EU Updot" 臘kara. Le texte en est très étendu: le commentaire du premier s tra pourrait à lui seul se présenter comme un véritable traité. Même si les gloses suivantes ne sont pas aussi fournies, l’ensemble est considérable. Le deuxième en importance des ouvrages de R m nuja est un commentaire de la Bhagavad G 稜t . Il a, par ailleurs, composé quelques autres traités ved ntins, le Ved nt rthasa ュgraha , «Ensemble des sens du Ved nta», assez long lui aussi, puis un Ved ntas ra , abrégé succinct des thèses qu’il propose, et un Ved ntad 稜pa , «Éclaircissement sur le Ved nta».

Toutes ces œuvres sont des ouvrages de doctrine ; on doit y ajouter quelques courts traités de rituel et de piété vichnouites: le Ga ボatraya , suite de trois textes brefs, indique la manière de rendre le culte aux images du dieu. En effet, dans l’ensemble du brahmanisme et tout spécialement chez les ごr 稜vai ルユava , une statue n’est pas une simple représentation de bois, de pierre ou de métal: une parcelle de la divinité y réside; on l’y a introduite par une consécration particulière lors de l’érection de la statue.

Les doctrines

Le vi ごi ルレ dvaita insiste à la fois sur l’Unité d’un premier principe d’où découle tout ce qui existe – ce qui est spirituel et ce qui est matériel – et, contre l’idéalisme ごa face="EU Updot" 臘karien, sur la réalité des âmes individuelles et du monde matériel. Dieu, Personne Suprême, est garant de l’existence de celles-là comme de celui-ci: l’âme, le monde et Dieu constituent trois entités réelles.

Dans ses gloses, R m nuja appelle souvent la Personne Suprême «le Brahman ». Mais il ne s’agit pas du brahman impersonnel des upani ルad ; sous l’identité d’appellation, une différence subsiste. Bien qu’étant le Tout illimité, Il demeure une Personne, à la fois immanente et transcendante à la création, objet d’adoration, Principe qui unifie la multiplicité issue de Lui. Il possède toutes les qualités à un degré infini. Sa forme suprême (par ) est inaccessible, mais Il s’insère dans le monde du relatif par ses diverses manifestations. Dans le domaine cosmique se développent les vy ha , expansions divines qui, issues l’une de l’autre à la manière d’hypostases, assument éternellement les fonctions de création et de protection de l’Univers. Dans le domaine du dharma , ordre également cosmique mais aussi moral, Il apparaîtra occasionnellement, comme avat ra , «descentes», dans un dessein précis qui concerne toujours le maintien ou le rétablissement de l’ordre. On peut encore L’atteindre, par intuition mystique, comme régent intérieur (antaryamin ), résidant au plus profond du cœur humain. Enfin, on a vu que rendre un culte à une statue consacrée était, en fait, entrer en contact direct avec la divinité.

Quant aux divers dieux du panthéon hindou, R m nuja les honore comme des formes, elles aussi, de la Personne Suprême. Puisque Dieu n’a pas de limites, le monde créé, spirituel et matériel ne peut se différencier vraiment de Lui. Dans le relatif, il en apparaît séparé; en essence, il Lui est identique.

Simple, sans étendue, une âme individuelle (j 稜va ) ne peut ni croître ni décliner; préexistant au corps, à la dissolution de celui-ci, elle transmigre jusqu’au moment où, par sa dévotion et sous l’effet de la grâce divine, elle rejoint l’Unité supérieure qu’est la Personne Suprême. Et puisqu’en son essence elle ne se différencie pas de Dieu, elle trouve en Lui son accomplissement. Elle est libre par nature et c’est le poids de ses actes antérieurs (karman ) qui l’enchaîne au monde matériel. Le karman , bien que s’exerçant de lui-même, de façon quasi mécanique, n’a pourtant pas d’activité autonome, indépendante de Dieu. Comme tout ce qui existe – le qualifié –, il est sous son contrôle absolu; cependant, il n’est pas créé directement par Lui. Il appartient au domaine de la création naturelle, celle de la Nature initiale (prak リti ).

Cette Nature initiale est éternelle et soumise éternellement au pouvoir divin. Quand elle est au repos, ses trois constituants (gu ユa ) demeurent en équilibre; à la création du monde, l’harmonie se rompt: les trois constituants (sattva , lumière et paix; rajas , trouble et agitation; tamas , ténèbres et inertie), par le jeu de leurs rapports où tantôt l’un tantôt l’autre domine, donnent naissance à la diversité de l’Univers. On retrouve là les thèses du s ュkhya , qui, comme tous les autres systèmes de pensée indiens élaborés depuis le VIe siècle avant l’ère chrétienne, a été conçu pour délivrer l’âme du karman. R m nuja explique la relation de la création à Dieu en professant que le Seigneur omniprésent anime la totalité de l’Univers constituant son corps, comme le j 稜va invisible anime le corps entier. Mais, si le j 稜va n’a sur celui-ci qu’une action limitée, la Personne Suprême est Maître absolu de tout ce qui existe, ce tout étant matériel ou spirituel. L’erreur qui empêche le j 稜va d’atteindre Dieu a nom m y ; toutefois, le terme n’a pas le même sens qu’en contexte ごa face="EU Updot" 臘karien, où il désignait l’illusion qui fait croire à la réalité du monde extérieur. Ici, le monde est réel; ce que le j 稜va ne saisit pas sans la permission du Seigneur, ce sont ses rapports au divin.

Et c’est là qu’intervient une autre caractéristique majeure de l’enseignement de R m nuja. Elle est issue d’un courant vichnouite fort ancien, celui duquel relèvent les ヤv r et le mouvement p ñcar tra, l’une des deux principales formes du vichnouisme. La gnose, si habile soit-elle, ne peut délivrer du karman et des re-naissances (sa ュs ra ). Seule est efficace la miséricorde divine qu’attire la dévotion exclusive (bhakti ) du fidèle. Cette dévotion s’exprime par des rites parfois minutieux; mais les rites ne sont rien en soi si le cœur n’y a pas de part, si l’esprit ne s’attache pas au Seigneur dans une méditation qui ne fléchit pas: un peu d’eau, une fleur offerts d’un cœur plein d’amour ont plus de prix que les dons les plus magnifiques. On reconnaît ici les tendances mêmes de la Bhagavad G 稜t .

R m nuja avait de nombreux disciples. À sa mort, il laissa un groupe religieux solidement constitué. Par la suite, le mouvement se scinda en deux grandes lignées, celle des Va ボagalai au nord, celle des Te face="EU Updot" 臘galai au sud. Les uns et les autres prospèrent encore aujourd’hui. Chez les premiers, au XIIIe siècle, un grand philosophe, Ved nta De ごika, a brillamment continué la tradition r m nujienne.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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